De Ajaccio aux iles sanguinaires 

 

Musée national de la maison Bonaparte - Ajaccio

Source : Musée Bonaparte

 

La maison natale de Napoléon

La maison natale de Napoléon

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En 1840, Flaubert écrivait dans Le Voyage en Corse : "Il y a à Ajaccio une maison que les hommes qui naîtront viendront voir en pélerinage ; on sera heureux d'en toucher les pierres, on en gravira dans dix siècles les marches en ruine, et on cueillera dans des cassolettes le bois pourri des tilleuls qui fleurissent encore devant la porte, et, émus de sa grande ombre, comme si nous voyons la maison d'Alexandre, on se dira : c'est pourtant là que l'Empereur est né !".
C'est toujours à l'angle des rues Saint-Charles (anciennement Malerba) et Letizia (anciennement del Pevero) que se dresse la maison où Napoléon vit le jour le 15 août 1769. Depuis l'installation des premiers membres de la famille au XVIIe siècle, l'histoire de la Casa Bonaparte fut particulièrement mouvementée. En 1682, Giuseppe Bonaparte épousa Maria Bozzi dont la dot apportait, selon la coutume corse, quelques pièces de sa maison familiale.

 

Par le jeu des alliances et des héritages, la Casa Bozzi passa entièrement aux mains des Bonaparte qui désormais prit ce nom. En 1764, Charles-Marie Bonaparte épousa la jeune Letizia Ramolino et s'installa avec elle dans la demeure familiale. Napoléon, Lucien, Louis, Jérôme, Elisa, Pauline et Caroline naîtront successivement en ces lieux. Seul Joseph naquit à Corte. Après le décès de son époux en 1785, Letizia continua à élever ses enfants dans cette demeure. Suite à un exil sur le continent de 1793 à 1796 dû au ralliement de la famille à la République, Letizia rentra à Ajaccio fin 1796 et procéda à des travaux d'agrandissement et de remeublement de la maison qui avait été pillée par les troupes paolistes. Elle quitta pour toujours sa demeure d'Ajaccio en juillet 1799. Le général Bonaparte y passa quelques jours à son retour d'Egypte en 1799. Il ne devait plus revenir en Corse. 
 
Le destin de sa maison natale préoccupait cependant l'Empereur. En 1805, il la donna à son cousin André Ramolino. Elle fut ensuite réclamée par Madame Mère en 1832 puis revint à Joseph en 1843. C'est sa fille, Zénaïde, qui l'offrit en 1852 à son cousin Louis-Napoléon, bientôt proclamé Empereur. Napoléon III et Eugénie firent agrandir et réaménager la demeure qui fut inaugurée par l'Impératrice et le Prince Impérial pour le centenaire de la naissance de Napoléon Ier en 1869. Devenue propriété du prince Victor-Napoléon, petit-fils de Jérôme, elle fut donnée à l'Etat en 1923 et transformée en musée national en 1967.
 
Simple et vaste demeure, la maison natale de Napoléon abrite un musée consacré à la famille Bonaparte en Corse. La façade à trois étage est ornée des armes des Bonaparte et porte une plaque de marbre rappelant la naissance du futur Empereur. En face, un petit jardin ombragé sert d'écrin à un buste en bronze du Roi de Rome par le sculpteur marseillais Jean-Elie Vezien, installé ici lors du centenaire de la mort de Letizia en 1936. La visite débute au second étage avec une évocation de l'histoire de la Corse au XVIIIe siècle puis avec la présentation des membres de la famille. Dans la première salle, Charles et Letizia sont figurés par deux tableaux de Fleury et de Robert Lefèvre. Un buste de Madame Mère par Canova se distingue particulièrement. Différents souvenirs du couple sont complétés par un singulier arbre généalogique réalisé avec des cheveux de jeunes filles corses sous le Second Empire. Dans la
salle suivante sont présentés les enfants. Napoléon (buste d'après Chaudet et portrait de Girodet), Joseph et Lucien (bustes d'après Canova), Jérôme (esquisse du portrait équestre de Gros), Louis (copie du portrait en pied de Wicar), Elisa (gravure d'après Bosio), Pauline et Caroline (gravures). Des vues d'optique des grandes batailles du Consulat et de l'Empire, l'épée de Napoléon, lieutenant-colonel en second au 2e bataillon des Volontaires nationaux de la Corse en 1792 et des fac-similés des actes de baptême, des lettres et des manuscrits de jeunesse de la fratrie Bonaparte complètent l'ensemble. Vient ensuite la Chambre de l'Alcôve qui fut probablement la chambre occupée par Bonaparte à son retour d'Egypte du 29 septembreau 5 octobre 1799. Elle est garnie d'un lit et d'une commode italienne provenant de l'ancien mobilier de la maison.

La salle suivante retrace la destinée de la maison sous le Second Empire. En 1857, Napoléon fit ouvrir un crédit de 20000 francs pour la restauration du bâtiment confiée à Alexis Paccard. Les plafonds furent repeints par Maglioli. En 1860, l'Empereur et l'Impératrice effectuèrent un voyage en Corse et exprimèrent leur déception de trouver la maison vide. L'ancien mobilier fut racheté aux descendants du cousin André Ramolino et, c'est une maison remeublée que l'Impératrice et le Prince Impérial visitèrent en août 1869 à l'occasion du centenaire de la naissance de l'Empereur. Eugénie déposa alors sur la cheminée de la chambre natale de Napoléon le buste du jeune prince par Carpeaux. Les appartements de la famille sont situés au premier étage. Les murs et les sièges ont été garnis en 1979 de tissus exécutés d'après les renseignements des archives. Salon,
chambre de Madame Bonaparte, chambre natale de Napoléon, galerie, boudoir, chambre à la trappe de laquelle Napoléon se serait discrètement rendu au port le 6 octobre 1799 et la salle à manger composent la distribution de cette maison corse traditionnelle du XVIIIe siècle. Le rez-de-chaussée et les caves (achetées par Napoléon III en 1860 et aménagées par Maglioli) présentent quelques photographies des propriétés familiales aux environs d'Ajaccio (les Milleli, la Sposata, les Salines) et différentes installations évoquant leurs ressources agricoles : meules, jarres, pressoir à olives.

Karine Huguenaud


Pour plus d'information, consultez l'itinéraire "Napoléon et la Corse".

 

 

Ajaccio

Source : wikipédia Ajaccio

 

Ajaccio (en corse Aiacciu, prononcé [aˈjaːt͡ʃu]) est une commune française, préfecture du département de la Corse-du-Sud, préfecture de la région Corse et siège de la collectivité territoriale de Corse.

Ajaccio, « cité impériale » et autrefois « cité du corail », est aussi connue pour être la première ville française libérée durant la Seconde Guerre mondiale, le 9 septembre 1943.

 

Localisation

La ville se situe dans la partie sud de la Corse, bordée par la mer Méditerranée. Ajaccio appartient à la Mezzana, microrégion dont les villages sont éparpillés dans son arrière-pays. Elle possède une position avantageuse par rapport au reste de l'île. Elle est implantée en position d'abri sur la côte occidentale de l'île. La commune en elle-même s'étend sur la rive nord du golfe d'Ajaccio, entre la Gravona et la pointe de la Parata, incluant les îles Sanguinaires. De nombreuses plages et criques bordent son territoire dont la partie ouest est particulièrement accidentée (point culminant : 790 mètres).

 

Les îles sanguinaires

 

Source : wikipédia les îles sanguinaires

 

L’archipel des Sanguinaires (en corse Ìsuli Sanguinarii) se compose de quatre îlots de porphyre d'un rouge sombre à l'entrée du golfe d'Ajaccio. Ils se nomment Mezzu Mare (ou Grande Sanguinaire), des Cormorans (ou Isolotto), Cala d'Alga (30 m) et Porri (31 m de haut). Il faut y ajouter le rocher nu U Sbiru situé entre l'isola di Porri et l'île des Cormorans, et haut de 13 m.

Le phare des Îles Sanguinaires, datant de 1870, est bâti sur le point culminant de la Grande Sanguinaire, à 80 mètres au-dessus du niveau de la mer. Un ancien sémaphore se trouve plus au sud.

La Pointe de la Parata1, au sein de l'archipel des Sanguinaires fait partie du Réseau des grands sites de France.

 

Origines du nom

 
Vue sur la tour génoise de La Parata et sur l'archipel des îles Sanguinaires
 

Le nom « Sanguinaires », donné à ces îlots, a plusieurs origines ; soit dû à la lumière pourpre qui ensanglante les roches, juste avant le coucher du soleil sur la mer, soit à la couleur des frankénies (Frankenia laevis), petites plantes à fleurs roses dont les feuilles virent au rouge vif en automne, ou aux fleurs roses des nivéoles.

D'autres hypothèses font référence au golfe de Sagone. Des cartes géographiques anciennes font mention des îles « Sagonnaires » (isule sagunarie) nommées par l'évêché de Sagone. Plus tard, des établissements de fortune accueillirent des pêcheurs de corail surnommés i sanguinari (les gens au sang noir), revenant d'Afrique et purgeant leur quarantaine.

Mais une autre hypothèse semble l'emporter. Sur une carte datée de 1595, l'archipel est nommé "Sagonares insulae" soit « les îles qui annoncent Sagone ».

Il est à noter que Jérôme Napoleon Bonaparte voulait y être inhumé.

 

Un passé riche et chargé de mystères

 
La Tour Castellucio
 

De nombreux récits de voyageurs, dont l’un des plus célèbres est celui d’Alphonse Daudet dans les Lettres de mon moulin et intitulé Le Phare des sanguinaires, évoquent des traces de vie dans ces îles farouches.

La présence humaine remonterait au XVIe siècle, avec la construction d’une tour génoise, sur l’emplacement du phare actuel.

À l'extrémité sud-ouest se trouve une ancienne tour génoise, la Tour de La Parata, construite en 1608.

En 1806, Mezzu mare devient un poste sanitaire avec la construction d’un lazaret, aujourd’hui en ruine, destiné aux pêcheurs de corail retournant en Afrique.

Le sémaphore, implanté sur le piton central, est mis en service en 1865 et désarmé en 1955. Le phare est automatisé en 1985, date à laquelle le dernier des résidents quitte l’île.